Selon les résultats de notre enquête Regards croisés sur les MICI portant sur près de 2400 malades, les personnes atteintes de MICI, lorsqu’elles travaillent, sont seulement 8% à s’autoriser à demander de l’aide aux collègues, et 7% évoquent régulièrement leur maladie et les difficultés qu’ils rencontrent. Les autres ne préfèrent pas aborder le sujet et faire « comme si » tout allait bien. Garder le silence autour de sa maladie permet d’être jugé comme un « égal » face aux autres collègues, sans discrimination ; mais dans le même temps cette dissimulation peut se payer assez cher : isolement, incompréhension et lutte acharnée pour paraître en forme sont le lot quotidien des personnes malades de MICI dans un monde du travail qui devient de plus en plus dur et de plus en plus exigeant.
Faut-il en parler ou pas, telle est donc la question. Cécile Hornez, l’assistante sociale de l’AFA a bien voulu répondre à nos questions concernant quelques points d’informations essentiels.
Doit-on parler de sa maladie à son employeur ?
Lors d’un entretien d’embauche, on n’est pas obligé de parler de sa maladie
Lorsqu’on choisit de ne pas en parler, comment peut-on le dissimuler
(Attestation de carte vitale ? arrêts de travail ? passage aux toilettes fréquents ?)
Il est recommandé de demander à la sécurité sociale une attestation ne mentionnant pas le 100%, cette information étant de l’ordre du secret médical. Il n’est pas toujours facile de l’obtenir, mais il faut s’obstiner auprès des guichets de sécurité sociale car c’est son droit le plus strict que de ne pas mentionner son état de santé (sauf lorsqu’on souhaite contracter une assurance).
Pour les passages fréquents aux toilettes, peut-être sera-t-il utile de dire qu’on est « malade » des intestins sans donner le nom de la maladie.
Dans le cas d’arrêts de travail fréquents, dissimuler sa maladie reste difficile et c’est à la personne atteinte de décider à qui en parler et de quelle façon.
Doit-on parler de sa maladie à sa première visite médicale d’embauche ?
Il n’y a pas de réponse toute faite à cette question. Il n’y a pas d’obligation légale d’en parler au médecin, mais tout dépend du processus de la visite et de son contexte relationnel : il n’est pas toujours facile pour une personne d’omettre une partie importante de son état de santé et il y a également des traces qui sont difficiles à cacher telles que des cicatrices d’intervention.
Doit-on en parler lors des visites de reprise du travail après arrêt maladie ?
Oui, cela semble judicieux car le médecin du travail peut mieux évaluer l’aptitude au poste de travail et éventuellement intervenir pour que l’employeur aménage le poste. Le financement de cet aménagement peut alors être assuré par l’Agefiph (association gérant les cotisations des employeurs ne remplissant pas leur obligation d’emploi de travailleurs handicapés) à condition que l’on soit reconnu travailleur handicapé par la CDAPH (ex COTOREP).
Puis-je être déclaré inapte à mon poste par le médecin du travail en déclarant ma maladie ?
Oui, s’il y a une trop grande distorsion entre les caractéristiques du poste de travail (porter des poids importants, station debout permanente etc…) et l’état physique et psychologique du salarié. L’inaptitude est
d’abord temporaire, ce qui permet la recherche d’un poste adapté dans la l’entreprise. En cas d’impossibilité, le médecin prononce l’inaptitude définitive, ce qui entraîne la rupture du contrat de travail.
Est-ce une bonne idée de mettre mes collègues au courant ?
La « révélation » de l’état de santé n’a, encore une fois, aucun caractère obligatoire dans le cadre de sa profession. Si la maladie se déclare alors qu’on connaît déjà ses collègues, il est souhaitable de donner quelques informations générales. Cela rassure les collègues et évite qu’ils fantasment inutilement. Dans un contexte de nouvel emploi lorsque la maladie est déjà présente, le plus raisonnable est dans un premier temps d’apprivoiser le milieu et de juger ensuite de l’opportunité d’en parler.
En conclusion, je dirais qu’il est impossible d’énoncer des règles s’appliquant à tous. Il est important de donner des informations en tenant compte du contexte où l’on se trouve.
Vous pouvez contacter Cécile Hornez lors de sa permanence téléphonique à l’afa tous les lundis de 14H à 18H au 01 43 07 00 63
Liens :
- Afa Magazine n° 29 Dossier spécial : au travail, en parler ou pas ? (réservé aux adhérents)
Article paru en juin 2007
Bon à savoir : consultez notre fiche pratique "Au travail, en parler ou pas ?"
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