Actu Recherche – Digestive Disease Week (DDW), mai 2025

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La Digestive Disease Week (DDW), l’un des plus grands rendez-vous internationaux en gastro-entérologie, hépatologie, chirurgie digestive et sciences de la digestion, s’est tenue du 3 au 6 mai 2025 à San Diego.

Voici un aperçu de quelques informations marquantes partagées au cours de cet événement.

ENVIRONNEMENT & FACTEURS DE RISQUE

Réduction des émulsifiants alimentaires : des bénéfices confirmés dans la maladie de Crohn 

Présentée lors du congrès, l’étude randomisée ADDapt (réalisée en Angleterre), a évalué l’impact d’une alimentation appauvrie en émulsifiants chez 154 patients atteints de maladie de Crohn légère à modérée.
Les participants ont bénéficié d’un accompagnement nutritionnel personnalisé avec diététicienne et application de scan des produits alimentaires, permettant de sélectionner des aliments sans émulsifiants. Comparés à un groupe témoin consommant des aliments contenant des émulsifiants, les patients du groupe interventionnel ont présenté, après 8 semaines, une réponse clinique significativement supérieure (50 % VS 30 %).
Ces résultats soutiennent l’intérêt de limiter les aliments ultra-transformés chez les patients atteints de MICI.

Source : Bancil A (Angleterre) et al., abstr. 796

 

Exposition périnatale aux métaux : un lien précoce avec le risque de MICI ?

Un travail original réalisé principalement aux Etats-Unis s’est intéressé aux expositions environnementales prénatales aux métaux, analysées à partir des dents de lait d’enfants issus de deux cohortes : patients atteints de maladie de Crohn et enfants de mères avec ou sans MICI.
Les résultats suggèrent que l’exposition in utero à certains métaux essentiels (comme le manganèse) pourrait réduire le risque de MICI et d’inflammation intestinale, tandis que l’exposition aux métaux toxiques (comme le cadmium) l’augmenterait.

Ces données soulignent le rôle potentiel des éléments-traces métalliques dans la programmation précoce du risque de MICI et ouvrent des perspectives en prévention.

Source : Agrawal M (Etats-Unis) et al., abstr. CO51, https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2021.100884

 

Exposition aux biothérapies pendant la grossesse : des données rassurantes

L’étude américaine PIANO, qui suit prospectivement 438 enfants nés de mères atteintes de MICI, apporte des données rassurantes sur la sécurité des biothérapies pendant la grossesse, y compris en cas de combothérapie anti-TNF.
Après un suivi médian de 4 ans, aucun sur-risque d’infections graves, de malformations ou de troubles du développement n’a été observé chez les enfants exposés in utero. La prématurité reste le principal facteur associé à un risque infectieux accru. Ces résultats soulignent l’importance du contrôle optimal de la maladie pendant la grossesse.

Source : Kohli A (Etats-Unis) et al., abstr. CO202

 

THÉRAPEUTIQUES

Upadacitinib en vraie vie : des résultats très favorables dans la RCH

Les données de l’étude européenne EUROPE confirment, en pratique courante, l’efficacité clinique de l’upadacitinib chez des patients atteints de rectocolite hémorragique active, avec des réponses cliniques, endoscopiques et une tolérance satisfaisantes.

Source : Zeissig S (Allemagne) al., abstr. 265

 

Étrasimod : des résultats nuancés dans la RCH légère à modérée

L’étude GLADIATOR (internationale) a évalué l’étrasimod chez des patients souffrant de rectocolite hémorragique légère à modérée. Après 52 semaines, la rémission clinique n’était pas significativement supérieure au placebo (26 % vs 18 %). Toutefois, des bénéfices significatifs ont été observés dès 12 semaines sur plusieurs critères secondaires, avec une rémission soutenue et une bonne tolérance à long terme.

Source : Danese S (Italie) et al., abstr. CO798

 

Upadacitinib chez l’enfant : des premiers résultats encourageants

Une étude américaine rétrospective multicentrique a évalué l’efficacité et la tolérance de l’upadacitinib chez 23 enfants atteints de MICI (maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique) réfractaires aux biothérapies. Après 12 semaines, 63 % des patients étaient en rémission clinique, avec de meilleurs résultats chez les patients atteints de RCH. À 52 semaines, la majorité des patients suivis restaient en rémission, sans effets indésirables graves signalés. Ces résultats préliminaires suggèrent que l’upadacitinib est efficace et bien toléré dans les MICI pédiatriques, mais nécessitent confirmation par des essais randomisés.

Source : Subedi S (Etats-Unis) et al., abstr. OP40

 

AGMB-129 : un antifibrosant prometteur pour la maladie de Crohn sténosante

La maladie de Crohn sténosante est difficile à traiter faute de thérapies antifibrosantes efficaces. L’AGMB-129, inhibiteur oral sélectif de l’ALK5, a été développé pour cibler la fibrose intestinale tout en limitant les effets indésirables grâce à une forte dégradation hépatique. Dans l’essai américain STENOVA, 44 patients ont reçu AGMB-129 ou placebo pendant 12 semaines. Le traitement a montré une bonne tolérance, sans toxicité cardiaque ni anomalies biologiques. Les analyses transcriptomiques ont révélé une réduction des voies pro-inflammatoires et pro-fibrosantes à la dose élevée, avec des signes d’amélioration endoscopique et clinique.

L’AGMB-129 apparaît donc comme un antifibrosant prometteur pour la maladie de Crohn sténosante, justifiant la poursuite de son développement.

Source : Rieder F (Etats-Unis) et al., abstr. CO1118a

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