Manger en poussée

Poussées inflammatoires : période « active » de la maladie (MC ou RCH) caractérisée le plus souvent par des altérations de la muqueuse digestive plus ou moins étendues et plus ou moins intenses. Les symptômes digestifs sont variables selon les sites de la maladie, son intensité, les antécédents et les personnes.

Pendant la poussée :

Il est essentiel et de conserver le plaisir de manger autant que possible et la convivialité des repas.

Toutefois, afin de faciliter votre digestion, améliorer votre confort digestif et atténuer certains symptômes (douleurs, gaz, fréquence et nombre de selles …), il est nécessaire d’adapter vos recettes quotidiennes grâce à des astuces culinaires et des conseils diététiques. Cela permet de conserver une certaine variété alimentaire et d’éviter d’écarter des aliments trop rapidement.

Le but est de suivre un régime alimentaire suffisamment varié en vue d’assurer un apport nutritif adéquat et de ne pas perdre du poids par restrictions inutiles. Il y a déjà suffisamment de causes de dénutrition : la diminution de l’appétit par suite de l’état inflammatoire, les besoins accrus par la maladie, par le jeune âge et enfin par la malabsorption des aliments ingérés.

Consultez notre fiche pratique sur l'alimentation en cas de poussée :

Les recommandations officielles

 

En ce qui concerne l’alimentation des malades de MICI, il existe depuis mai 2008 des recommandations officielles. La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié deux Guides ALD 24 « Maladie de Crohn » et « Rectocolite hémorragique évolutive » concernant l’alimentation. En voici un extrait qui reprend les points essentiels :

  • « {…} L’alimentation n’influe pas sur le cours de la maladie. Il n’est donc pas nécessaire d’imposer un régime particulier : l’alimentation doit rester diversifiée et équilibrée.
  • Lors des poussées marquées, un régime d’épargne intestinale(apports restreints en fruits et légumes) peut être prescrit transitoirement.
  • Un régime sans résidu strict n’est pas justifié. Après la poussée, le retour à l’alimentation normale doit être assuré à court terme… ».

En 2016, l’HAS ajoute à ces recommandations, la possibilité de s’inscrire dans un parcours de soin tel que l’Education Thérapeutique du Patient (ETP).

En 2018, l’ESPEN (Société Européenne de Nutrition Clinique et Métabolique) ajoute de nouvelles recommandations :

  • Accompagner l’obésité, dont la prévalence est devenue supérieure à celle de la dénutrition chez les patients atteints de MICI
  • Dépister systématiquement la dénutrition avec prise en charge nutritionnelle
  • Rechercher systématiquement les carences en fer et en vitamine D avec supplémentation si nécessaire
  • Aucun régime alimentaire particulier sauf en cas de sténose
  • Nutrition thérapeutique basée sur les compléments nutritionnels oraux (CNO) et la nutrition entérale (NE)

Régime sans résidu, sans fibre

Le régime sans résidu a longtemps été prescrit dans le cadre des MICI, et l’est encore actuellement. Il est plus juste à présent de parler d’alimentation pauvre en fibres ou d’épargne digestive.

 

L’indication du régime sans résidu est la préparation à la coloscopie.

 

L’intervention du diététicien peut être indispensable pour vous aider à réguler votre transit en fonction de vos symptômes digestifs, en poussée comme en rémission. Pour cela, il vous orientera vers les aliments à privilégier ou à éviter le temps des symptômes ainsi que des techniques culinaires améliorant la tolérance digestive de certains aliments.

Cette sélection temporaire sera personnalisée puisque reposant sur vos symptômes : volume et fréquence des diarrhées, des gaz et/ou ballonnements, des gargouillis, durée et intensité de votre constipation, siège et longueur des sténoses, présence de sang et/ou de glaires à l’émission des selles, localisation et intensité des douleurs…

Le diététicien n’a donc pas pour mission de vous proposer systématiquement un régime sans résidu ; ce dernier ne sera préconisé que dans des cas très précis.

Bien sûr, la plupart des aliments que l’on vous conseillera de consommer ou d’éviter, se retrouveront systématiquement dans les listes d’aliments issues des régimes (pauvres ou sans résidu ; pauvres ou sans fibre ; d’épargne digestive…).

 

Pour finir, l’alimentation d’un malade de MICI est variable en fonction de l’évolution de l’inflammation donc les choix alimentaires doivent évoluer aussi. De nombreux malades peuvent ainsi au bout de quelques semaines de poussées, consommer des aliments appartenant à chacun des régimes ci-dessus sans augmenter les symptômes. Cet élargissement étant personnel, il est commun de voir un malade consommer à nouveau des épices ou des légumineuses ou des matières grasses cuites et ne pas encore tolérer certains légumes peu fibreux cuits…

Attention à la restriction durable !

Attention ! Il est important de ne pas tomber dans la restriction alimentaire bien que les symptômes favorisent parfois une alimentation restreinte et monotone.

 

La poursuite d’une large sélectivité alimentaire est à risque de carence nutritionnelle, de fatigue, de troubles alimentaires, … L’alimentation pauvre en fibres permet de soulager les symptômes digestifs, pas de passer en rémission, ni de prévenir l’apparition d’une poussée inflammatoire. L’élargissement de l’alimentation est à envisager le plus rapidement possible avec l’amélioration des symptômes digestifs.

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