MICI Tour : une soirée d’échanges éclairants à Caen
Mardi 2 décembre, le MICI Tour a fait halte à Caen. Plus de 110 personnes, patients, proches, étudiants en médecine ou en diététique, soignants, étaient au rendez-vous pour une soirée dédiée à la maladie de Crohn et à la rectocolite hémorragique. Une belle mobilisation qui montre à quel point l’information autour des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) est attendue.

Comprendre les MICI : entre génétique, environnement et microbiote
La soirée s’est ouverte avec l’intervention du Pr Claire Dupont, gastro-entérologue et hépatologue et Chef de service Pédiatrie médicale au CHU de Caen, qui a dressé un état des lieux actuel de l’épidémiologie des MICI et de leurs causes. Elle a rappelé que si certains gènes de susceptibilité confèrent une prédisposition, la génétique n’explique pas à elle seule l’apparition de la maladie. Le rôle des facteurs environnementaux comme le tabagisme, la consommation d’aliments ultra-transformés, la pollution atmosphérique mais aussi des éléments protecteurs comme une enfance en milieu rural, l’exposition aux animaux domestiques, une alimentation variée ou encore l’allaitement maternel. Le Pr Dupont a également abordé l’importance du microbiote intestinal, dont l’équilibre peut être perturbé chez les personnes atteintes de MICI, tout en soulignant que ces maladies restent multifactorielles, résultant d’une interaction complexe entre gènes, environnement, microbiote et système immunitaire.
Les échanges avec le public ont été très riches : transmission de la maladie à l’enfant, allaitement, exposition aux polluants, pistes de recherche… Autant de questions auxquelles le Pr Dupont a apporté des réponses avec son expertise de gastro-pédiatre.

Alimentation et MICI : démêler le vrai du faux
La deuxième présentation, animée par Sigrid Tighilet, diététicienne nutritionniste au CHU de Caen, a pris la forme d’un questionnaire interactif. L’occasion de casser plusieurs idées reçues : non, les MICI ne sont pas causées par une mauvaise alimentation, non, il n’est pas nécessaire d’éviter systématiquement les fibres : tout dépend de la phase de la maladie et de la tolérance individuelle. La façon de préparer un aliment, la quantité ou le moment de consommation peuvent également modifier cette tolérance.
Mme Tighilet a insisté sur l’importance d’écouter son corps, d’identifier ses propres déclencheurs et surtout de ne pas rester seul : un accompagnement diététique peut améliorer nettement le confort digestif, sans prétendre guérir la maladie.
L’occasion également de mentionner les ressources de l’afa comme la permanence diététique, le réseau des diététicien.ne.s formé.e.s MICI et un dossier spécial sur l’alimentation comprenant un tableau pour décrypter les étiquettes et mieux repérer additifs, colorants, édulcorants, conservateurs ou agents de texture.

Traitements en 2025-2026 : vers des soins plus personnalisés
Pour clôturer la soirée, le Dr Didier Reijasse, gastro-entérologue à l’Hôpital St Martin, a dressé un panorama des traitements actuels et futurs des MICI.
Ces dernières années, les traitements se sont multipliés, nouvelles biothérapies, approches plus ciblées…De quoi permettre aux médecins d’adapter davantage les traitements à chaque patient.
Le Dr Reijasse a expliqué comment, désormais, les MICI entrent dans l’ère d’une médecine de précision, où le choix du traitement dépend du profil du patient, de l’activité de sa maladie, de ses antécédents mais aussi de la façon dont la personne répond aux options thérapeutiques proposées. Le suivi doit lui aussi être personnalisé : chaque malade est différent, il n’y a pas une seule stratégie valable pour tous.
Les participants ont posé des questions très variées : comment dépasser la peur d’un médicament, que faire si un traitement semble ne pas fonctionner, comment se passent les essais thérapeutiques, la place des vaccins ou encore comment gérer un traitement pendant une grossesse.

Une soirée de proximité et de partage
Le format de la soirée a permis une proximité entre intervenants et participants. Dorothée Dragée, déléguée régionale de la Normandie a apporté un vrai plus aux échanges en partageant son expérience de terrain lors de chacune des présentations. Habituée à sensibiliser les soignants en IFSI sur les MICI, Dorothée connait bien les questions qui reviennent et les besoins des malades et de leurs proches. Elle en a profité pour rappeler à quel point l’engagement bénévole peut faire la différence…et a invité ceux qui le souhaitent à rejoindre l’équipe normande.
Le public, très varié, de personnes tout juste diagnostiquées à d’autres vivant avec une MICI depuis plus de trente ans, a permis d’aborder les MICI à différents stades et sous différents angles.
Les retours ont été particulièrement positifs :
- « Beaucoup de pédagogie pour des sujets complexes »
- « Très enrichissant. Facile à comprendre même pour les proches »
- « Cela m’a permis d’en savoir plus sur ma maladie : en consultation, on n’a pas toujours le temps d’aborder tout cela »
- « Une soirée pensée pour les personnes atteintes de la maladie »
Certaines personnes étaient venues de toute la Normandie et même de la région Centre, ce qui démontre l’utilité de ces rencontres.
Cette étape caennaise du MICI Tour a confirmé l’importance de comprendre sa maladie, de pouvoir poser des questions et de se sentir entendu.
Un grand merci aux intervenants pour leur disponibilité et leur pédagogie, ainsi qu’aux participants pour la richesse des discussions.





