Floriane raconte son stage à l’étranger avec une MICI

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Floriane nous partage son expérience de stage à l’étranger avec une MICI ! Un témoignage précieux pour tous ceux qui souhaitent réaliser ce projet.

Mon expérience à l’étranger s’est déroulée dans le cadre de mes études que j’ai effectuées à Sciences Po. Si j’ai choisi d’étudier à Sciences Po, c’est entre autres parce que nous avons une année à passer obligatoirement à l’étranger. Je trouve en effet qu’il s’agit d’une opportunité formidable pour s’ouvrir sur le monde. Majoritairement, les étudiants partent pour une année d’échange en université mais nous pouvons aussi choisir de faire un stage sur l’un des deux semestres. Cela me tenait particulièrement à cœur pour avoir un bagage professionnel.

En quoi consistait ton stage ?

J’étais chargée des relations publiques d’une ONG qui s’appelle Foundation For Environmental Education. Plus précisément, je travaillais pour le programme « Les Jeunes Reporters de l’Environnement » au siège social à Copenhague, au Danemark, et en lien avec 45 pays. Je faisais pas mal de communication, j’ai réalisé des campagnes d’action, j’ai créé des podcasts, écrit des articles, édité des brochures…

Pourquoi avoir choisi le Danemark ?

J’avais réellement envie de comprendre pourquoi on dit que les pays scandinaves sont en avance par rapport à nous sur les questions environnementales : d’une part, est-ce vrai et en quoi ? D’autre part, quelle est leur mentalité sur le sujet, quelles sont les différences par rapport à chez nous ?

Ta condition médicale a-t-elle influencé ton choix de destination ou de type de stage ?

On pourrait répondre oui et non à la question : est-ce que ma condition médicale a influencé mon choix de destination ? Disons par exemple, que les pays pour lesquels il faut être vacciné contre la fièvre jaune, je ne les incluais même pas dans une quelconque liste de choix potentiels. Mais il faut l’admettre aussi, j’avais très envie de rester en Europe et d’aller particulièrement en Scandinavie. Autrement dit, je ne dirais pas que ma condition médicale a eu d’influence ou alors de manière inconsciente.

Comment t'es-tu préparée pour ce stage à l'étranger ?

La préparation s’est focalisée sur la prise de connaissance du système de santé au Danemark. Je savais avant de partir que le coût d’une perfusion et de prise en charge hospitalière (pour le Rémicade) est grosso modo 10 fois plus élevé. En France, une perfusion coûte environ 2 000 €, au Danemark, c’est 20 000. Mais je savais également qu’en étant citoyenne de l’Union Européenne résidante au Danemark, je pouvais prétendre à la « carte jaune », l’équivalent de notre carte vitale, qui donne accès aux soins gratuitement.

J’ai néanmoins découvert sur place, qu’avec la carte européenne d’assurance maladie, un traitement considéré comme nécessaire peut être administré gratuitement à tout citoyen européen. C’est le gastroentérologue que j’ai consulté sur place qui me l’a dit. Au Danemark, un traitement pour une maladie chronique est considéré comme nécessaire.

Avant de partir, j’avais demandé à mon médecin de faire une lettre en anglais indiquant quel traitement je prenais et à quelle fréquence (le Rémicade à l’époque) et d’expliquer un peu de mon antériorité.

Comment as-tu géré les aspects logistiques comme l'assurance santé, les médicaments, etc. ?

Dès que je suis arrivée au Danemark, j’ai entrepris les démarches pour obtenir cette fameuse carte jaune. Néanmoins, comme c’était l’été, l’administration fonctionnait au ralenti. De plus, les Danois octroient pas mal de droits aux citoyens européens, mais il faut entamer beaucoup de démarches. Il faut par exemple, s’inscrire au bureau des étrangers et prouver que l’on dispose de 12 000 € sur un compte en banque si l’on souhaite résider 6 mois durant sur le sol danois.

J’ai également cherché rapidement à avoir un rendez-vous avec un gastroentérologue. Comme en France, j’ai dû me rendre chez un médecin traitant, avec la lettre de mon gastro français en anglais, qui m’a ensuite redirigée vers un gastro danois. La consultation chez le médecin traitant m’a tout de même coûté 65 €. Arrivée le 30 juin, j’ai obtenu un rendez-vous avec le gastro début août. Je n’ai rien payé. Je n’avais toujours pas ma carte jaune.

Néanmoins, bien qu’il m’ait dit que je pouvais bénéficier de ma perfusion gratuitement avec la carte européenne d’assurance maladie, je suis rentrée en France pour effectuer ma première perfusion. Les délais étaient trop courts. Voyant en effet que ma carte jaune n’arrivait pas, j’avais convenu d’un rendez-vous en France et acheté des billets d’avion. Je partais le lendemain du rendez-vous que j’avais pu avoir avec le gastroentérologue. Je ne pouvais plus annuler, je n’aurais pas été remboursée. Or, en prenant effectivement l’avion et en effectuant cette perfusion en France, je pouvais prétendre à être aidé par le programme Erasmus Handicap, ce qui fut le cas.

Toutes mes autres perfusions ont eu lieu au Danemark sans aucun frais à débourser. J’ai reçu ma carte jaune fin août.

As-tu rencontré des difficultés liées à ta MICI pendant ton séjour ?

La première difficulté est le temps d’obtention de la carte jaune et le manque de communication sur la possibilité de faire mon traitement gratuitement sans cette carte, uniquement avec la CEAM.

Deuxièmement,10 jours après être arrivée, j’ai eu un abcès vaginal. J’ai donc découvert rapidement le fonctionnement du système de santé. Ils ont deux lignes téléphoniques d’urgence : une type SAMU (urgences vitales) et une autre pour les urgences non vitales. J’ai appelé, je suis restée environ 1 heure entre attente et explications à différentes personnes au bout du fil (en anglais), puis on m’a donné un rendez-vous aux urgences gynécologiques d’un hôpital du coin pour deux heures après. J’ai trouvé cela super qu’ils aient des rendez-vous réservés pour éviter de faire attendre les gens. Je me suis ensuite faite opérer en chirurgie locale.

Enfin, un pyoderma gangrenosum est apparu sur ma jambe droite trois mois après mon arrivée. C’est une difficulté dans la mesure où le gastro-entérologue qui me suivait ne s’en est pas inquiété. Il n’a pas posé de diagnostic mais a dit que cela n’empêchait pas la prise du rémicade. Je ne me suis donc pas inquiétée mais j’ai depuis beaucoup souffert de cette pathologie apparue subitement au Danemark. Sur le moment, cela n’a néanmoins pas eu d’impact sur ma vie. Si j’avais été en France, j’aurais très probablement envisagé un suivi dermato bien plus tôt.

As-tu parlé de ta MICI à ton employeur ?

J’ai évoqué le sujet de ma maladie avec mon employeur très rapidement. Je lui ai dit que j’avais une maladie chronique digestive que je gérais et que j’aurais parfois des rendez-vous médicaux. Mon employeur et mes collègues ont été super compréhensifs. Au Danemark, il existe, de toute manière, deux jours par mois affectés à des potentiels rendez-vous médicaux. Ces jours ne sont utilisés que si besoin s’en fait sentir et personne n’en abuse. Aucun justificatif n’est demandé. J’ai trouvé cette mentalité fabuleuse. Cela enlève un poids : cela évite de culpabiliser ou de stresser pour des raisons médicales.

Comment as-tu géré ta maladie au quotidien pendant ton stage ?

Au quotidien, je gérais ma maladie comme en France, c’est-à-dire qu’elle fait partie de moi, que je compose avec mais que je ne la laisse pas trop dicter ma vie pour autant.

Bien sûr, par moment, il faut m’adapter. Quand j’ai eu mon abcès, je ne pouvais pas me déplacer pendant quelques jours. Mes collègues m’ont apporté mon ordinateur et j’ai fait du télétravail après quelques jours d’arrêt. J’ai également fait du télétravail lorsque j’étais malade. Mon stage a eu lieu un an après le début du Covid, le télétravail était devenu une solution pour continuer de travailler quand on n’était pas très bien mais assez pour travailler et surtout ne pas propager de microbes au bureau. Encore une fois, mes collègues étaient compréhensifs, ils ne me tenaient pas rigueur du jour où vraiment je ne pouvais pas travailler. De même quand mes rendez-vous médicaux avaient lieu sur mes horaires de travail, et cela n’était pas une exception faite pour moi. De toute manière, ce sont également les horaires de travail des médecins, et tout employé danois a la même pratique. C’est commun.

As-tu rencontré des défis spécifiques en termes d'alimentation ou de mode de vie ?

Le mode de vie et l’alimentation ne m’ont posé aucun souci au contraire. Concernant le mode de vie deux éléments ont particulièrement facilité ma vie :

  • D’un côté, on ne travaillait que jusqu’à 16h/16h30, ce qui est physiquement très appréciable, un gain en termes de fatigue ;
  • De l’autre, la mentalité très compréhensive, humaniste et le fait de ne pas avoir à se justifier sont un gain psychologique énorme. De mon expérience, les Danois et résidants du Danemark se font vraiment confiance et ne remettent jamais en cause un besoin ou une demande, elle est d’office légitime.

Côté alimentation, on retrouve les mêmes types de produits qu’en France globalement. Ce que j’apprécie particulièrement dans les pays nordiques, c’est leur habitude de manger tôt le soir et relativement peu, cela convenait très bien à mon système digestif.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un dans une situation similaire qui souhaite partir à l'étranger ?

Si tu souhaites partir à l’étranger, je te le recommande à 200 %. Certes, il te faudra anticiper, prévoir un peu de temps et d’argent pour certains aléas. La maladie ne doit pas être un facteur limitant. Bien sûr, tu devras parfois t’adapter mais il n’y a en réalité que peu de choses qui sont vraiment impossibles à réaliser. Les maîtres mots : se préparer et accepter. Se préparer au système de santé, se préparer au système administratif et accepter que tout ne se déroule pas toujours comme prévu, mais que très souvent des solutions existent pour nous faciliter la vie. Je dirais enfin : tu auras peut-être toujours l’impression de te battre pour connaître ou faire valoir tes droits, mais ça en vaut la peine, alors ne lâche rien, tu feras toujours de magnifiques rencontres sur ces chemins parfois sinueux.

Quel bilan tires-tu de cette expérience ?

J’en tire un bilan plus que positif. J’ai adoré cette expérience à l’étranger. Je suis ensuite partie vivre six mois en Allemagne et j’ai beaucoup voyagé un peu partout en Europe.

Cette expérience a-t-elle changé ta perception de toi-même ou de ta maladie ?

Je dirais que chaque expérience de vie nous change forcément. Ça nous ouvre. Mais j’aurais du mal à dire en quoi j’ai changé, et donc quelle est ma nouvelle perception de moi-même depuis.

Concernant ma maladie, je crois que ma perception n’a pas changé. Grâce à mon infirmière scolaire qui, pour que je puisse partir, est venue avec moi en voyage en 5e et en 4e, j’ai eu la chance de penser très tôt que tout ou quasiment était envisageable même avec une maladie. Il suffit d’un peu d’adaptation et d’un bon entourage, ce que j’ai la chance d’avoir !

Envisages-tu de repartir à l'étranger pour travailler ?

Repartir à l’étranger pour travailler fait sérieusement partie de mes potentiels projets ! J’ai adoré la mentalité scandinave et j’aime beaucoup moins la pression du système français. Pour caricaturer, on dirait un peu un concours de « qui partira le plus tard du bureau » sans pour autant avoir forcément été la personne la plus efficace. Je trouve cela un peu malsain. La place laissée à la vie privée est quelque chose de fortement mis en avant au Danemark par exemple et, de ma menue expérience, je ne les ai pas trouvés moins productifs pour autant. Je n’aime pas particulièrement la notion de productivité, mais notre système fonctionne beaucoup là-dessus. Le leur moins !

Pour aller plus loin

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