Trail et MICI : c’est possible, le témoignage de Louise

Témoignage de Louise, jeune sportive qui a repris le sport intensif après son diagnostic
L’activité physique apporte des bienfaits au niveau physique et mental. Sans aller sur une pratique intensive, le simple fait de réaliser une activité adaptée à sa situation est bénéfique. L’afa Crohn RCH conseille fortement de se faire accompagner par une personnes formée à l’Activité Physique adaptée, n’hésitez pas à contacter Pétia notre coach à sport@afa.asso.fr
Présentation de Louise
Je m’appelle Louise, je vais avoir 33 ans en juillet et je suis traductrice indépendante.
Ma première crise de rectocolite hémorragique est survenue à la mi-août 2024, sans prévenir, alors que je faisais le tour de Belle-Île-en-Mer en randonnée, et à quelques semaines de mon grand départ pour l’Infernal Trail 200, duquel j’ai quand même décidé de prendre le départ, avec une bonne grosse fièvre et tous les symptômes que les malades connaissent bien lors des poussées. À l’époque, les douleurs étaient relativement gérables, et c’est finalement mon genou gauche qui a été la cause de mon abandon au petit matin, au 40e km. Sûrement un avertissement du corps à ne pas pousser le bouchon trop loin.
Après cela, les symptômes se sont vite aggravés et entre les prises de RDV et les examens, ma RCH n’a été diagnostiquée que mi-octobre. S’en sont suivis quelques mois de traitement avec de la cortisone, puis un passage à Simponi qui a contribué, en partie, à éteindre la crise. La gestion de la maladie a été compliquée, car je ne comprenais pas ce qui m’arrivait et surtout pourquoi cela arrivait. Je passais d’une vie très active, avec plus d’une quinzaine d’heures de sport par semaine à ne plus pouvoir courir plus de 30 min. Travaillant également à mon compte, j’ai dû poursuivre mon activité sans prendre un seul jour de congé et cela a aussi été assez éprouvant. Malgré tout, je me suis beaucoup documentée sur les causes de cette maladie et la façon d’améliorer mon quotidien, car les explications des médecins ne me convenaient pas et ne me suffisaient pas. Je me suis vite rendue compte que cette maladie était induite avant tout par le psychisme (…) J’ai également repensé mon alimentation – qui était déjà assez naturelle de base – mais je suis allée plus loin en adoptant le régime sans FODMAP pendant la crise, en éliminant le gluten et le lactose, et en cuisinant absolument tout de A à Z.*
Désormais en rémission, j’ai pu reprendre une vie normale et une activité physique régulière et variée avec de beaux projets sportifs en perspective.
Quelle place le sport a-t-il pu garder dans votre quotidien ?
Le sport a toujours eu beaucoup d’importance dans ma vie, que ce soit l’équitation, la danse ou le badminton plus jeune, ou désormais le trail-running, le vélo de route ou la rando. Pendant ma crise, j’ai mis un point d’honneur à continuer de rester en mouvement. J’ai bien sûr adapté mes pratiques, j’ai fait davantage de vélo de route en début d’automne (moins traumatisant pour le système digestif), je suis ensuite passée au Gravel en hiver, un peu de rando, du yoga, et du trail vraiment très doux avec alternance course/marche, notamment en allant promener certains chiens de la SPA de Saint-Dié des Vosges qui avaient besoin de se défouler. Le cani-trail m’a permis de reprendre un entraînement plus structuré et d’allonger les distances, car le contact avec l’animal détournait mon attention et mon esprit n’était plus focalisé sur les douleurs.
En début d’année, j’ai pu repartir sur des sorties plus longues, pour ma plus grande joie, et mi-avril j’ai mis mon premier dossard de l’année sur le Trail du Wurzel au départ de Villé, un 85 km qui a la particularité d’être sans balisage et avec un seul ravitaillement à mi-course. Un peu audacieux pour une reprise, mais ce sont ce genre de courses qui m’animent, et tout s’est très bien passé. Je constate juste qu’avec la maladie, je mets beaucoup plus de temps qu’avant à récupérer. Toutefois, la RCH m’a fait redécouvrir mon corps, je l’écoute davantage, je sais quand je dois lui accorder du repos, et j’ai l’impression que la relation entre l’enveloppe physique – qui a ses limites – et l’esprit – qui veut aller toujours plus loin – est plus harmonieuse et équilibrée.
Ce que le sport apporte dans ma maladie
Le sport et la maladie s’apportent des choses mutuellement, c’est un riche échange. La maladie m’a permis de mieux écouter mon corps, de prendre davantage soin de lui, mais aussi de me forger un mental indestructible (car aucune course n’engendrera de douleurs aussi intenses qu’une crise de RCH !) et mes performances se sont d’ailleurs nettement améliorées depuis. La maladie m’a également poussée à réfléchir à une autre façon de me nourrir sur mes longues sorties. J’ai désormais tout un éventail de recettes nutritives, hautement digestibles, naturelles, qui ont fait leurs preuves. Et à l’inverse, le sport a permis de surmonter la maladie, de m’apporter du bien-être psychique, de cultiver l’estime que je pouvais avoir de moi, de me changer les idées en ayant ce contact avec la nature que j’aime tant, de prendre du temps rien que pour moi et de méditer sur ma situation. Ce qu’il ressort de tout cela c’est qu’une seule chose est sûre dans la vie c’est l’impermanence et l’inévitabilité du changement, il ne faut jamais perdre espoir, tout finit par passer et s’arranger et si vous êtes en période de crise, que cela dure, dites-vous toujours qu’il y a une raison à cela, que peut-être vous devez passer par ce processus pour vivre d’autres choses, changer votre façon de voir les choses, revoir vos priorités. Il faut être le canal intelligent, créateur de votre vie !
*Les études médicale montrent que le régime sans FODMAP n’a pas d’impact dans les MICI, sa seule indication étant le SII. Le témoignage de Louise est personnel, elle a pu trouver son équilibre, il peut inspirer le lecteur mais n’est pas une indication universelle.