Cures thermales

De nos jours, malgré les progrès des thérapeutiques médicamenteuses, de nombreux patients de maladies inflammatoires trouvent une amélioration complémentaire grâce au thermalisme. Mais quelles sont les stations françaises spécialisées dans ces indications, quels soins y pratique-t-on, quelles sont les formalités à accomplir et surtout que faut-il attendre aujourd’hui de la médecine thermale comme traitement complémentaire des MICI ?

Les stations indiquées

Quatre stations font des MICI une indication privilégiée :

– Châtel-Guyon (Puy de Dôme) : aux eaux chlorobicarbonatées calciques et magnésiennes, carbogazeuses, mésothermales.

– Plombières-les-Bains (Vosges) : aux eaux oligominérales, hyperthermales et radioactives.

– Castera Verduzan (Gers) : aux eaux sulfatées, calciques et magnésiennes (22°, Ph à 8,1)

– Le Boulou (Pyrénées orientales) aux eaux carbo-gazeuses riches en magnésium et en sels minéraux.

Les soins thermaux

De nombreux soins dispensés externes sont communs aux trois stations avec différents effets recherchés : effets sédatifs, toniques, ou avec effet moteur intestinal :

– les douches : générales, locales ou pénétrantes.

– les bains : aérobains, avec douches en immersion, douche sous-marine, bains de vapeur collectifs (n’existe pas à Castera Verduzan).

– les massages sous l’eau.

– les pulvérisations anale et périnéale (n’existe pas à Castera Verduzan).

Certains soins sédatifs sont plus spécifiques dans certaines stations :

– à Châtel-Guyon et à Castera Verduzan : le cataplasme d’argile avec un effet sédatif et anti-spasmodique.

– à Plombières : la compresse d’eau thermale, effet sédatif et anti-spasmodique.

Enfin la cure interne :

L’eau thermale en est l’élément principal.

– La cure de boisson : en général il faut boire l’eau thermale au « griffon » c’est à dire à la source même, à jeun avant les 3 repas. Il s’agit de petites doses croissantes durant le séjour (6 prises par jour de 30 à 70 gr chacune).

– Le goutte à goutte intestinal : c’est l’instillation lente (20 à 30 minutes) d’une petite quantité (100 à 250 grs) d’eau thermale. Il doit être conservé plus d’une heure. Il a un rôle de désinfection, de cicatrisation, et de rééducation ano rectale.

Le volet administratif

Les cures thermales sont prises en charge par les organismes de sécurité sociale. Leur durée est réglementairement de trois semaines consécutives (en fait 18 jours de soins, il n’y a pas de soins le dimanche). Le remboursement des soins thermaux et des honoraires médicaux (tout est forfaitisé) est pris en charge à 100 % dans le cadre de l’ALD. Sous conditions de ressources les caisses participent aussi au transport (sur la base du prix Sncf) et au logement (sur la base d’environ 100 euros). Il faut faire une demande préalable administrative (document à remplir par le médecin traitant) auprès de votre centre de sécurité sociale.

Une fois l’accord reçu, il faut prendre contact avec la station choisie. Le plus simple est de passer par les Offices de Tourisme qui vous adresseront les listes et adresses des médecins, établissement, logement. Ensuite trouver un logement et prendre les rendez-vous avec l’établissement thermal et le médecin thermal pour votre arrivée.

Les études

Il est très difficile pour les stations thermales de faire des études du niveau de celles des entreprises industrielles du médicament, leurs moyens financiers dépendant du coût d’une cure ne leur permettent pas. Néanmoins Plombières et Châtel ont fait de nombreuses études sur les MICI, études orientées par des autoquestionnaires sur la qualité de vie des patients atteints de Mici.

Voici un résumé des dernières études publiées  quui certes, datent un peu :

  •  À Plombières, une enquête a été menée au cours de l’année 2004 auprès d’un échantillon de curistes venus soigner ces maladies. Certains témoignages font état de résultats plus qu’encourageants. L’échantillon comportait 50 curistes, 16 hommes, 34 femmes (sex ratio H/F # 1/2), d’âge moyen 58 ans, dont la moitié présente une maladie de Crohn et l’autre moitié une rectocolite. Vingt-et-un (42%) ont subi une intervention intestinale portant 6 fois sur le grêle, 9 fois sur le colon et 6 fois sur le rectum. Une manifestation associée a été notée 66 fois chez 30 patients, les 20 autres en étant exempts : 19 fois arthrite ou arthralgie : 3 fois iritis ou uvéite ; 8 fois érythème noueux ou aphtes buccaux ; 12 fois fissures, fistules, abcès anal ou périrectal ; 4 fois une autre fistule. La cure a été conseillée par le médecin 26 fois, par un ami ou la famille 15 fois, et à la suite d’une démarche personnelle 9 fois. Personne n’a choisi la réponse « Internet » qui était proposée. Quarante et un (82%) font partie d’associations de malades.

Ci-joint le diagramme des résultats sur leur qualité de vie :

 

mauvais    moyen        bon            très bon    total
avant la cure 26 (52%) 23 (46%) 1 (2%) 0 (0%) 50 (100%)
pendant la cure 0 (0%) 37 (74%) 11 (22%) 2 (4%) 50 (100%)
après la cure 0 (0%) 10 (20%) 29 (58%) 11 (22%) 50 (100%)

 

Société de Médecine de Plombières : « Le traitement thermal à Plombières des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) « . Press Therm Climat 2005;142:241-245.

  • A Châtel-Guyon, en 2006, 61 patients atteints de Mici ont accepté de répondre à un questionnaire sur leurs troubles et leur qualité de vie à partir de l’index de Powell modifié ; cet index calcule la gravité de la maladie, il est coté de 0 à 15, les résultats permettant de différencier les MICI en quiescentes, légères, modérées, sévères et très sévères. La note 15 étant la plus grave, la note 0 ne cotant aucun trouble. Les critères cliniques choisis dans cet index sont : la fréquence quotidienne des selles, la consistance des selles, l’existence de douleurs abdominales, l’anorexie, les nausées/vomissements, la sensation de bien-être général, la présence de sang dans les selles et la température corporelle. Chacun des patients a répondu à quatre questionnaires étalés sur 6 mois (de J0 à J180). La moyenne de l’index le premier jour de cure est de 4,48 (sur donc un maximum de 15), ce qui confirme que les patients accueillis en cure souffre une maladie quiescente ou en poussée, de légère à modérée. À J21 (fin de la cure), cet index descend à 3,48. Il continue de descendre pour atteindre 3,13 à 3 mois (J90) et 3,05 à six mois (J180). Ceci représente donc au bout de six mois une diminution de 33 % de cet index par rapport à J1, l’action bénéfique de la cure est donc bien retardée et prolongée.

Chareyras JB, Bretillon F : « Étude préliminaire à une évaluation clinique (par auto-questionnaire) des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin : la cure hydrominérale à Châtel-Guyon « . Press Therm Climat 2008;145:99-109.

Conclusions

D’après ces études, les formes légères à modérées des RCH et maladie de Crohn sont de bonnes indications de cure. En revanche, les MICI en poussées ou très mal équilibrées sont une contre-indication de la thérapeutique thermale.

Trois stations thermales en France proposent une prise en charge dans les MICI.

Dans deux stations (Châtel et Plombières) la deuxième indication «rhumatologie» permet de cumuler les soins pour les rhumatismes inflammatoires souvent associés.

Dr Chareyras, médecin thermaliste.

Pour en savoir plus :

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