MICI et grossesse

Effets des MICI sur la grossesse

Les grossesses de patientes atteintes de MICI se déroulent généralement comme chez les femmes non atteintes. Une analyse de la littérature portant sur 1 300 grossesses au cours de la RCH et 700 grossesses au cours de la maladie de Crohn ne retrouve pas de différence avec une population normale en termes de pourcentage de bébés en pleine santé (85 %), d’anomalies congénitales (1 %), d’avortements spontanés (7 à 12 %) ou de bébés mort-nés (1 %).

Les accouchements prématurés semblent en revanche trois fois plus fréquents chez les femmes atteintes de MICI, même quiescente. Les accouchements prématurés surviennent au troisième trimestre, avec un poids moyen de naissance plus faible. Dans une série de 510 nouveau-nés de mères atteintes de maladie de Crohn, le poids moyen de naissance était inférieur de 185 g et il y avait 10,4 % de bébés de moins de 2 500 g, contre 4,7 % dans une population contrôle (risque multiplié par 2,4).

Effets de la grossesse sur la MICI

Si la MICI est inactive au moment de la conception, le risque de poussée pendant la grossesse ou après l’accouchement est de 25 à 33 %, chiffre identique à celui retrouvé en l’absence de grossesse. Le risque semblerait exister surtout en début de grossesse.

Si la MICI est en poussée au moment de la conception, on note 45 % d’aggravation, 25 % de stabilité et 30 % d’amélioration. Le pronostic de la maladie à distance est inchangé. Ces données mériteraient d’être confortées et affinées en tenant compte du tabagisme, de nombreuses femmes s’arrêtant de fumer pendant leur grossesse. La grossesse diminue peut-être le risque évolutif de la maladie de Crohn, comme le suggère une étude italienne non contrôlée. Il existe par ailleurs une corrélation inverse entre le nombre de résections chirurgicales et le nombre de grossesses au cours de la maladie de Crohn. Les malades qui ont eu des enfants ont besoin par la suite de moins d’interventions chirurgicales. On sait que la grossesse induit une immunosuppression, surtout si la mère et le bébé sont HLA différents.

Exploration des MICI chez la femme enceinte

Il faut évidemment s’abstenir d’examens inutiles. Il n’y a pas de contre-indication à l’endoscopie si elle est nécessaire. Les examens radiologiques sont contre-indiqués, notamment entre la 10e et la 17e semaine. En revanche, les risques sont faibles en fin de grossesse. L’IRM est possible.

MICI et accouchement

L’épisiotomie peut être dangereuse chez les patientes atteintes de maladie de Crohn, en raison du risque de fistule recto-vaginale. La présence de lésions anopérinéales actives de la maladie de Crohn au moment de l’accouchement est une indication à un accouchement par césarienne. Dans les formes quiescentes, la décision appartient à l’obstétricien, qui fera son choix en fonction de la taille du bébé et de la souplesse du périnée. Il en est de même chez les femmes ayant une anastomose iléo-anale avec réservoir.

En conclusion, quels sont les messages à retenir ?

Globalement, assez peu de problèmes : 75 % des grossesses sont “normales” ; l’activité de la maladie est le facteur le plus important ; si possible, la grossesse ne doit pas débuter au cours d’une poussée. Les échanges gastro-entérologue obstétricien sont primordiaux. Une prématurité survient dans 7 à 10 % des cas, et une surveillance pendant le 3e trimestre est ainsi nécessaire. Il est souhaitable d’avoir plus de données, ce qui doit inciter à mettre en place des banques de données et à favoriser la recherche dans ce domaine.

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