Découverte et caractérisation des AIEC dans la maladie de Crohn

En Auvergne, à Clermont Ferrand, l’unité M2iSH « Microbes, Intestin, Inflammation et Susceptibilité de l’Hôte » travaille sans relâche depuis des années sur les MICI, avec d’excellents résultats. Soutenus par l’afa depuis plus de 20 ans, l’équipe dirigée auparavant par Arlette Darfeuille Michaud, est à présent menée par Nicolas Barnich.

Quelle est la spécificité du laboratoire et sa grande découverte ? Le laboratoire de Clermont Ferrand a accumulé des résultats depuis ces 25 dernières années qui montrent que la muqueuse iléale de patients atteints de maladie de Crohn est anormalement colonisée par des bactéries particulières que sont les AIEC (pour Adherent-invasive Escherichia coli), et qui contriduent à l’initiation et le maintien d’un état pro inflammatoire.

En effet, ce groupe de bactéries particulièr d’E. coli est capable de traverser le mucus qui tapisse les parois de l’intestin. Le mucus intestinal constitue pourtant normalement une barrière de protection qui empêche les agents infectieux d’accéder au contact des cellules intestinales. Les bactéries AIEC atteignent malgré tout ces dernières, altérant la fonction de barrière et déclenchant une réaction immunitaire ainsi qu’une inflammation exacerbée qui contribue aux symptômes de la maladie.

Les recherches du laboratoire ont été suffisamment avancées pour passer à un essai clinique chez des malades de Crohn en cours de réalisation en ciblant par l’association de deux antibiotiques les bactéries AIEC présentes dans la muqueuse intestinale des patients. Les résultats sont en cours. Le laboratoire cherche maintenant à identifier précisément quels facteurs de virulence bactériens caractérisent ces bactéries AIEC et leur capacité d’adaptation dans le tube digestif leur conférant un avantage sélectif, afin de cibler par une approche pharmacologique leur propriété adhéro-invasifs. L’afa soutient cette piste depuis le tout début de cette aventure.

« L’AFA nous a soutenu de façon très significative depuis les premiers travaux menés au laboratoire et qui ont mis en évidence ces bactéries AIEC de façon anormale au niveau de la muqueuse et qui pouvaient être une des causes de la maladie. Le soutien de l’AFA a permis de stimuler l’Unité de recherche dans la compréhension du mécanisme de virulence de ces bactéries pour espérer pouvoir les cibler et améliorer la maladie des patients. A ce jour, et grâce au soutien de l’association, nous avons pu montrer dans des modèles précliniques que plusieurs stratégies fonctionnement pour limiter le portage de ces souches (molécules inhibitrices de fimH, probiotique de type bactériens ou levures, antibiotiques, phagothérapie), et que des modification du comportement (régime alimentaire, impact de l’activité physique), pouvaient aussi impacter sur le portage. A ce jour, plusieurs stratégies sont en cours d’évaluation chez l’Homme et nous pouvons apprécier le soutien de l’AFA dans l’avancée de ces travaux. »

Nicolas Barnich, directeur du laboratoire

Zoom sur deux projets soutenus ces dernières années

Etude de l’impact de l’activité physique sur le microbiote intestinal dans le cadre de la maladie de Crohn

Spécialisée dans la recherche sur les bactéries et le microbiote, en 2016, le laboratoire a été soutenu par l’afa à hauteur de 20 000 € pour une projet intitulé : Etude de l’impact de l’activité physique sur le microbiote intestinal dans le cadre de la maladie de Crohn.

En effet, cette dernière se caractérise par une modification du microbiote intestinal ainsi qu’une expansion de ce qu’on appelle la « graisse » mésentérique, le mésentère étant un organe qui semble fortement impliqué dans la maladie de Crohn.

L’objectif de cette étude était d’analyser l’impact de l’activité physique sur le microbiote intestinal et la graisse mésentérique chez des souris mimant l’inflammation intestinale. Un groupe de souris s’exerçaient sur une roue, et un autre n’avait pas de roue. A ce stade, les conclusions principales sont que l’activité physique spontanée entraîne une modification de la composition du microbiote intestinal.

En effet l’activité physique semble favoriser certaines souches de bactéries associés à la minceur (Oscillospira) et productrices d’acides gras à chaînes courtes (Ruminococcus). Cette modification pourrait être liée à la diminution de la masse grasse totale, mais surtout à la réduction de la graisse mésentérique. La distance parcourue et/ou la vitesse moyenne des animaux sont également associées à une diminution de la graisse mésentérique ainsi qu’à un meilleur équilibre glycémique renforçant ainsi les bénéfices de l’activité physique.

Ces résultats permettent d’envisager la mise en place de protocoles cliniques à visée thérapeutique chez des patients atteints de maladie de Crohn et d’en valider ainsi les effets chez l’Homme à court, moyen et long termes. Cette étude a fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique. [1]

Les facteurs environnementaux sont également au cœur des préoccupations du labo, préoccupations centrales également pour les patients

En 2017, l’afa a soutenu également un projet intitulé à hauteur de 20 000 € : Impact de facteurs environnementaux (régime alimentaire de type occidental et exposition à des particules de dioxyde de titane) sur la colonisation de bactéries impliquées dans la maladie de Crohn.

 

Références :

[1] High intensity interval training promotes total and visceral fat mass loss in obese Zucker rats without modulating gut microbiota.

Maillard F, Vazeille E, Sauvanet P, Sirvent P, Combaret L, Sourdrille A, Chavanelle V, Bonnet R, Otero YF, Delcros G, Barnich N, Boisseau N. PLoS One. 2019 Apr 9;14(4).

 

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