Caractérisation des territoires à forte incidence de maladie de Crohn

NOM :

Pr. Béatrice TOUCHELAY

 

TITRE :

Caractérisation des territoires à forte incidence de maladie de Crohn

Comment intervenir en Sciences Sociales

Partie Socio-Historique du Projet HEROIC

(Highlighting EnviROnmental features in epIdemic areas of Crohn’s disease)

 

EQUIPE :

  • Béatrice TOUCHELAY
  • Stéphane MICHONNEAU

Institut de Recherches Historiques du Septentrion (IRHiS), UMR 8529 (Univ. Lille, CNRS)

 

 

La Maladie de Crohn (MC) est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin dont la cause est mal connue. Elle évolue par poussées entrecoupées de phases de rémission et génèrent chez les patients une altération de leur qualité de vie sociale, professionnelle, amoureuse etc.. ce d’autant qu’elle touche préférentiellement des adultes jeunes.

Grâce au Registre Epimad, plus grande étude prospective épidémiologique dans le monde, nous savons que 2 nouveaux diagnostics par jour sont posés et que la fréquence de cette maladie augmente sans arrêt chez les adolescents et adultes jeunes. Nous savons aussi que le risque de développer la maladie n’est pas le même selon l’endroit où on vit dans la région surveillée (Nord-Ouest de la France) et avons isolé par des méthodes mathématiques très complexes et puissantes 4 zones géographiques (clusters de sur incidence) où le risque est très important et 4 zones où ce risque est quasi inexistant (cluster de sous incidence). Cette maladie n’est pas héréditaire mais il existe une prédisposition génétique qui explique 10% des cas et n’est pas responsable de ces clusters. Comme on ne connaît pas la cause liée à l’environnement, il est scientifiquement très difficile voire impossible de bâtir des études épidémiologiques interventionnelles en allant interviewer et faire des prélèvements pour comparer les patients vivant dans les zones à haut et faible risque alors qu’on ne sait pas ce que l’on cherche.

Nous avons donc décidé de travailler sur une approche territoriale et non individuelle. Cette approche est innovante, transversale et inter disciplinaire car elle va faire intervenir des spécialistes dont l’expertise se situe en dehors de la médecine. En effet nous allons demander leur expertise à des sociologues, historiens, géographes, environnementalistes, toxicologies, mathématiciens…. afin de caractériser ces zones et d’essayer de trouver des pistes environnementales au niveau territorial avant de les confirmer par des études interventionnelles (cas-témoins) chez les patients et également sur des modèles cellulaires.

Cette bourse de l’AFA sera orientée sur la partie socio-historique avec étude des caractéristiques historiques des zones à sur- et sous-risque avec un focus sur l’histoire industrielle, rurale, migratoire de la région nord… depuis les années 1950. La méthode intégrera l’étude des transformations de l’environnement (changements de technique de production, matériaux de construction, produits agricoles..), des études généalogiques (populations peu mobiles, étude de la migration), socio-éco-démographiques par l’évolution du profil et des trajectoires des habitants.

Le défi intellectuel de ce projet vise à sortir de l’impasse et à aider à approcher les causes de la MC. Pour y parvenir, il convient d’élargir les hypothèses mobilisées jusqu’alors qui ne retenaient ni les arguments, ni les méthodes des sciences humaines et sociales.

L’apport des sciences humaines permettra d’éclairer les transformations de l’environnement des clusters depuis les années 1950. L’approche mobilise les outils des sciences humaines et sociales et croise les méthodes de l’enquête et de l’interprétation historique, basée sur des archives. Elle s’appuie sur une analyse documentaire (notamment de statistiques) et sur une enquête qualitative. Cette approche est à la fois originale et risquée car, si la pertinence de la socio histoire est désormais reconnue, son application pratique ou le mariage, dans ce cadre, de données quantitatives macro-sociales et de données empiriques microsociales sont peu ordinaires. La méthode d’analyse que nous proposons centrée sur des populations à sur-risque d’une pathologie non transmissible est sans précédent et si elle permet d’isoler des hypothèses étio-pathogéniques de la MC, elle pourra être utilisée dans d’autres pathologies inflammatoires chroniques de cause inconnue (SEP, Polyarthrite, psoriasis etc..).

Somme allouée : 20 000 €
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