Étude fonctionnelle du lien entre l’exposition aux pesticides et la susceptibilité aux maladies inflammatoires chroniques intestinale

NOM :

Mr. Jérôme GAY-QUEHEILLARD

 

TITRE :

Étude fonctionnelle du lien entre l’exposition aux pesticides et la susceptibilité aux maladies inflammatoires chroniques intestinale

 

EQUIPE :

  • Jérôme GAY-QUEHEILLARD

PERITOX – UMR-I-01 Unité mixte INERIS, Périnatalité & Risques Toxiques

  • Véronique BACH

Université de Picardie Jules-Verne

 

 

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont caractérisées par des poussées inflammatoires entrecoupées de périodes de rémission de durée variable et impactant très lourdement la qualité de vie des patients. L’incidence de la maladie de Crohn (MC) est croissante depuis de nombreuses années et l’incidence des MICI chez les jeunes et adolescents (10-16 ans) explose. Des études prédisent une prévalence des MICI entre 0.5% à 1% à partir de 2030 et l’incidence grandissante gagne peu à peu les pays en cours d’industrialisation. L’origine de ces pathologies reste encore très mal connue et les facteurs de risque environnementaux identifiés jusqu’alors ne peuvent expliquer la pathogenèse des MICI et l’explosion de leur incidence.

La France est un pays fortement agricole et un des plus utilisateurs de pesticides en Europe. La région Hauts-de-France, très sujette aux épandages massifs de pesticides, est particulièrement touchée par un sur-risque de la MC. Tout individu est exposé au cours de sa vie à un nombre important de résidus de pesticides, en particulier par l’alimentation, et dont les effets cumulatifs sur une longue période demeurent inconnus. Dans cette étude, nous émettons l’hypothèse que l’exposition aux pesticides pendant des phases de grande vulnérabilité de l’individu en développement (grossesse, allaitement et enfance) pourrait favoriser la survenue des MICI.

L’objectif de notre travail est donc d’étudier l’impact de l’exposition chronique à un mélange de 3 pesticides les plus vendus en Picardie, que sont le prosulfocarb (herbicide), le mancozebe (fongicide) et le glyphosate (herbicide) sur l’équilibre physiologique de l’intestin et la susceptibilité aux MICI dans un modèle de colite expérimentale au TNBS (très proche de la MC chez l’Homme) chez le rat.

Le caractère novateur de ce projet réside dans l’étude d’effets cumulatifs non intentionnels d’un cocktail de 3 pesticides à faible dose reçus de façon chronique au cours de 3 périodes critiques de la vie, la gestation, la lactation et l’enfance, sur le risque de déclencher des mécanismes pathogéniques impliqués dans les MICI, et sur les caractéristiques de la réponse inflammatoire dans le cadre d’un modèle animal de MICI. Des rates Wistar seront exposées au cocktail de pesticides ou non (témoins) pendant toute la gestation et la lactation. Après sevrage, la descendance mâle et femelle sera soumise aux mêmes traitements que leurs mères respectives jusqu’à l’âge de 53 jours (jeunes adultes). La colite sera alors induite et son développement sera suivi sur une période de 7 jours à l’issue desquels les animaux seront mis à mort (J60).

Tous les paramètres d’intérêt caractérisant le développement et l’intensité de l’inflammation intestinale, comme ceux pouvant être mis en évidence chez des patients MC, seront étudiés chez la descendance mâle et femelle (suivi de poids et de prise alimentaire, marqueurs inflammatoires systémiques et coliques, observation des tissus/histologie). La découverte de ces facteurs permettra de mieux comprendre la physiopathologie de la maladie et d’adapter à terme des stratégies de prévention avant et après le déclenchement de processus pathologique. Nos données pourront contribuer à la définition de toxicité dans la population et être intégrées aux dispositifs de surveillance de type phytopharmacovigilance et biosurveillance.

Somme allouée : 20 000 €
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